Le temps passe... et sur les scènes de France, Natacha Lumet sert avec toujours autant de
justesse le théâtre, le cinéma, l'art en solo ou en compagnie...
Natacha Lumet, c'est d'abord ce regard. Deux pupilles resserrées sur ses contemporains, sur hier et
demain. Tout à la fois attentive à donner corps à ses personnages, surtout à les offrir, sans
concession, aux spectateurs d'un soir. Comme cette Gelsomina, les cheveux en bataille, la silhouette
fragile et pourtant si ancrée sur ce sol de cailloux et de pierrailles du festival de plein-air Le
Souffleur d'Arundel, aux Sables-d'Olonne. La Gelsomina de la Strada est une femme-enfant naïve
et généreuse dont la destinée se lie et reste liée à celle du brutal Zampano. Dans son adaptation de
ce chef-d'oeuvre fellinien, Natacha Lumet joue seule – hormis de furtives apparitions d'un Zampano
en moto – remplie le lieu, l'atmosphère. Et réussi le pari d'émouvoir un public estival, laissant, un
temps son cornet de glace, pour s'imaginer avec elle sur les routes chaotiques de cette vie rude et
triste des forains.
Natacha Lumet, c'est aussi une voix. Gracile et puissante à la fois. Un porte-mots qui porte ses
compagnons de jeu, qui épouse les mises en scène les plus contemporaines sur des classiques
comme Le roi se meurt de Ionesco. Ici, la musique métal accentue tout le cynisme et l'aigreur d'un
monde qui court à sa perte. Parmi la kyrielle de personnages sur scène, Natacha Lumet allume le
texte de sa présence, de se prestance. Une justesse des sens qui la voit actuellement, parmi ses
nombreux projets, recouvrir les traits d'un détective épris de justice plus que de vérité. Dans Un
homme dans sa tombe, elle fait sienne l'exiguïté de ce théâtre de poche de l'Ile Saint-Louis, à Paris.
Yeux dans les yeux avec son unique partenaire de jeu, elle tient sur ses fines épaules toute la tension
de cette pièce de près de trois heures qui passe sans en avoir l'air, sous le regard admiratif et attendri
d'André Le Gall, son auteur. Dans les intentions de Natacha Lumet, les tirades et les monologues
deviennent paroles de vie, d'existence.
Le temps passe... et, avec ses cinq sens, Natacha Lumet donne sens au théâtre, au cinéma, à
l'art en solo ou en (bonne) compagnie...
Pierre-Yves Bulteau
journaliste France Inter, Causes Communes, Le 13 du Mois
Née avec la sécheresse, elle est d’une corpulence mince de taille modeste d’un mètre soixante cinq.
Depuis ce jour, elle a toujours eu une soif intarissable, une boulimie du théâtre qu’il soit classique ou contemporain , une envie de cinéma qu'il soit muet ou parlant.
Elle a bu avidement du MOLIERE pendant quatre années.
Elle enfile régulièrement le costume, d’une femme enfant, cousu de poésie par un auteur de la scène contemporaine, Pierrette DUPOYET pour abreuver le public de la tendre histoire de ce bout de femme, égérie de FELLINI.
Elle déroule les textes d’une sœur qui brode en divers fils et manie l’alexandrin comme la langue contemporaine, brute ou poétique, absurde ou boulevardière.
Elle peut être gracieuse ou disgracieuse, introvertie ou extravertie, lunaire ou terrienne, drôle ou mélancolique, romantique ou rock’n’roll.
Bref, elle peut endosser n’importe quel habit…
Born with the dryness, she is slim, of modest size of five feet and a bit. Since that day she has always had an inexhaustible thirst, an unquenchable thirst for theatre that is classical or contemporary, a desire of cinema that is silent or talking. She has greedily drank MOLIERE during four years.
She regularly slips on a dress of a child wife, sewed of poetry by an author of the French contemporary scene, Pierrette DUPOYET, for immerse the public in this loving story of this tiny little woman FELLINI’s inspiration.
She recounts the sister’s texts who embroiders in different thread and knows how to handle alexandrine verses like the contemporary language, original or poetic, absurd or facil.
She can be graceful or ungraceful, introverted or open, lunar or land, funny or melancholy, romantic or rock’n roll.
In short, she can put on any dress